downfall.

marche rapide. à la même vitesse que les images qui défilent dans ta tête. tellement rapides que les pensées ont toujours du mal à suivre (que le corps part dans la dérive). le bras enfin relâché (nelly délivrée). chaque pas t’enlève un poids. soulagement qui se détache de tes épaules. c’en est presque drôle. la culpabilité ne pèse pas. tu diras, j’avais pas le choix. lys, on a toujours le choix. et tu diras, j’ai pas choisi de n’avoir ni maman ni papa. tu vas vers l’avant, la mort restée à l’arrière. est-ce que tu t’approches ou tu t’éloignes de l’enfer? — j’te suis! ou est-ce l’inverse? nelly devenue l’ombre de ton crime, complice de ta folie. attirée dans les ténèbres de l’inconnu. d’une gamine qu’elle n’a jamais vue, juste entendue. à quel prix?


— on va où? c’est qui, les gens comme nous? t’as pas de refuge. t’as un système de survie. un système qui te tient en vie. ça ne tient que sur une seule main. kaz, niels, milo, maddox, abigail. dépendance dysfonctionnelle. ils sont ceux qui t’éloignent de la tombe pour la creuser. eux non plus ne savent pas comment (t’)aimer. mais avec toi, on sait jamais sur quel pied danser. — des gens cools et gentils alors. j’ai hâte! image distordue de la réalité. image rompue de la vérité. il fallait bien te protéger. dissociation complète. elisabeth perd la tête. vite. tu marches plus vite. accélères vers le paradis, t’échappes de l’enfer. ou le contraire. au moins, t’es pas seule. c’est nelly qui l’a dit. — j’aime pas quand on est fâché contre moi. c’est pour ça, faut pas que tu dises à kaz. parce qu’après, il va m’engueuler et me faire la gueule. ça me fait trop peur, ça. et j’veux pas que tu sois fâchée contre moi non plus. même moi, j’aime pas être fâchée. ça brûle partout et tu vois tout en noir. puis après ça crie trop fort, ça fait mal aux oreilles. ça fait mal à l’oreille. tirade incessante pour combler le silence. un disque taré rayé; qui marche, qui marche, sans s’arrêter (tu sais même pas vers où aller). t’as ça toi? ça brûle dans la gorge, t’as besoin de faire sortir toute la rage que t’as, tu hurles, tu frappes jusqu’à ce que ça s’arrête. et ça cogne de partout. dans la gueule et dans la tête. j’aime pas ça, la colère. le sourire à l’endroit, la tête à l’envers.

t’aimes aucune émotion.
elles te bouffent la raison.

ça n’a pas d’importance s’il n’y a pas de réponse. tant que le silence est comblé, qu’importe celui ou celle qui vient t’en libérer. tu peux même le faire toute seule. tu le fais le plus souvent toute seule. ouvrir ta sale gueule. tu parles au vide comme s’il allait te répondre en retour. tu creuses ta propre solitude de jour en jour. et lorsque les mots manquent, la musique parle. lorsque les maux restent, la musique résonne. à griffonner sur papier une déferlante de paroles. des textes qui font parfois aucun sens (des textes qui pour toi, te donnent du sens). les notes prennent vie, sauvent la tienne lorsque qu’elle semble te bouffer vivante. carcasse d’une âme errante. t’écris, t’écris, t’écris. à l’infini. musique pour vivre et vivre pour musique. mélodie d’un esprit chaotique. le seul remède au silence. le seul remède à l’existence. alors si nelly ne répond pas à sa cacophonie, ce n’est pas grave. la musique se joue toute seule. — pas des gens? qui, alors? t’aimes les gens. pas les adultes, encore moins les parents. les autres. t’aurais aimé faire de nouvelles rencontres qui s’oublient le lendemain. toujours, toujours remplir ce néant sans fin. t’aurais aimé voir d’autres choses, découvrir d’autres choses. voir le monde en rose. sortir du noir qui t’habite. changer de musique. t’aurais aimé beaucoup de choses. mais rien ne semble te plaire. alors tu prends de grands airs. t’imagines les choses que tu veux voir (les choses que tu veux croire). le même disque arrête pas de tourner. personne ne sait comment l’arrêter.

press repeat.

— j’sais garder un secret! (tu sais pas garder un secret). ta sale gueule ne se ferme jamais. porte béante pour quiconque veut s’inviter. pour combler, combler. plus on est de fous, plus on rit. mais plus t’es folle, plus tu pleures. ça dépend de l’heure. ça dépend du jour. ça dépend du moment. ça dépend du soleil et de la lune à chaque instant. des astres qui s’alignent ou qui se séparent. ça dépend de tout et de rien. la bombe peut exploser pour tout et pour rien. un électron libre en recherche de liberté. l’électron la suit à la trace. près, tout près, trop près. t’envahis déjà tout ce que tu peux. de tes mains, de tes gestes, de tes yeux. tu remplis même le vide qui ne t’appartient pas. t’engloutis son espace par le son de ta voix. elle doit pas savoir ce qu’elle fait là. — si tu dis rien, je dis rien. promis juré.