blanc comme les nuages qui s’empressent de partir pour les laisser tranquilles. comme les rayons de soleil qui s’en vont dormir après avoir dansé sur la ville. le calme règne toujours, aucun son en dehors de leur respiration. leurs cadavres s’élèvent à la même cadence. prennent vie à chaque souffle, à chaque échange.
aussi infime soit-il. les regards qui parlent
en silence. les sourires qui s’étreignent
en silence. leurs présences qui comblent le silence.
serena s’apaise en silence. il lui rappelle rico. la voix qui s’emmêle dans l’atmosphère.
incisive de sérénité. il lui rappelle un refuge. la main qui se tend pour la protéger du déluge (aucune main ne se tend). celle de connor reste au sol, au plus près des morts.
c’est eux qu’il protège. mais serena n’a besoin de personne (sauf son frère). serena n’a plus personne (sauf son frère). elle reste sur ses gardes. la confiance encore fragile et la peur qui résonne.
serena n’a plus d’ami.
on leur a pris la vie
peut-être est-ce pour ça qu’elle apprécie autant les morts?— merci. apparemment, c’est ce qu’on dit. la beauté est un compliment. à un compliment, on dit
merci. c’est elle qui l’a appris.
seule. dans la laideur du monde. les opales se reflètent contre les siens.
serena copie les gestes de cette société qu’elle méprise. capacité acquise avec automatisme. il faut se fondre dans la masse pour la détruire avec aisance. masse humaine pourrie jusqu’à la moelle. réduire à néant à partir du dedans.
provoquer l’implosion. — non. parce qu’on lui a brûlé les ailes avant même de lui avoir appris à voler (parce qu’on ne voulait pas d’elle après avoir appris son inutilité). serena ne répond pas. serena ne regarde pas. serena ne réagit pas. il n’y a de contact qu’avec son frère jumeau. ils sont pourtant faux.
n’ont pourtant jamais été aussi vrais. serena vit en silence. c’est dans les yeux de federico que se loge son existence.
est-ce qu’elle est sourde? désordre sonore pour s’assurer que tout va bien.
qu’on ne l’emmène pas chez le médecin pour rien. serena n’est pas sourde. regarde, elle se retourne. éclats de verre; bombes à terre. trop de bruit, trop de sons.
le monde extérieur n’a rien de bon. serena n’est pas muette. elle garde simplement ses maux en tête. et laisse ses émotions colorer son visage.
blanc de clarté. — je ne rêve pas. mes rêves, je les oublie. car rien ne vaut la peine d’être un souvenir. ils ont eux aussi été brûlés un à un. particules de cendres écrasées au creux de la main. il y en a peu (tous malheureux). il y en a trop (aucun de beau). ça pullule dans son esprit, ça prend toute la place. ancré à même la carcasse. et même calcinés, les fragments reviennent. nourrissent sa haine (resserrent ses chaînes).
maladie incurable. pollution dans l’atmosphère. elle ne trouvera la paix que lorsqu’ils seront six pieds sous terre.
— et toi?sais-tu voler?
que me voleras-tu?